Oui, aujourd’hui, c’est à notre tour de participer au Tour, avec un grand T. Ce Tour qui, depuis l’enfance, berce mes mois de juillet. Tout est prêt, les vélos, les sacs. Ne pas oublier les chaussures et les casques !
Ce matin, à 10h30, appel de Valentin : il est malade, ne pourra pas être de la fête. Je laisse un message à Steph, je sais qu’elle le remplacera avec plaisir. Confirmation quand elle me rappelle : »c’est vrai, c’est vrai, je peux venir ! YES ! ». J’espère que Vittel acceptera cette permutation de dernière minute. Uzès, midi, tout le monde est là : Anita, Steph, Hervé, David, Jean-Luc, William, Alain, Peto, Flo et moi. Et puis les coaches, Dominique et Jean-René. Direction Redessan pour rejoindre l’équipe Vittel.

Le rond-point  où nous avons rendez-vous, avec ses banderoles Krys et le public déjà installé, nous confirme que ça y est, on y est, en plein dedans, le Tour est vraiment là. Aurélia SIMONIN, du Républicain, nous y attend. Elle a été invitée par Vittel à prendre place dans une des voitures suiveuses. Comme nous elle va découvrir la Grande Boucle de l’intérieur.
13h00, les « Vittel » sont à l’heure, Vincent BARTEAU en tête,  simple, modeste, très abordable. Le reste de l’équipe est à son image. Tout comme Tex, l’animateur télé, inconditionnel du Tour, invité par son ami BARTEAU à venir pédaler avec nous.
Briefing, séance photos, distribution des tee-shirts Vittel. On est aux petits soins pour nous. Agréable cette sensation ! D’autant qu’une équipe de France télévision a décidé de faire un sujet sur nous pour leur site internet : on nous filme, nous interroge. Le cameraman porte une caméra 360° miniature au dessus de la tête, amarrée à lui par un harnais.  Tout à l’heure, à la flamme rouge,  il est prévu qu’il me la donne pour que je filme notre groupe de l’intérieur.
13h45, ça démarre, à la minute prévue. Une voiture devant, une autre derrière, comme des champions ! Mais à ce moment-là, ce ne sont pas des adultes qui s’élancent, mais dix mômes, les étoiles dans les yeux : la route fermée, toute pour nous, le public, les applaudissements, les vivats, les klaxons de nos véhicules accompagnateurs. On imagine alors ce que peuvent ressentir les coureurs du Tour, pendant trois semaines. Cette ferveur, ces enfants qui tendent les mains vers nous : « je l’ai touché, je l’ai touché ! » . Incroyable ! Les kilomètres défilent, tranquillement. C’est plat, le vent, encore gentillet, nous pousse même un peu. Et la foule, de plus en plus compacte. « Allez les gars, bravo, allez les vétérans ! ». Vétérans, noooon mais……
On remercie, on salue, on claque des mains.  Quelle ambiance ! On se sent des ailes, surtout les filles.  Vincent monte même devant pour les calmer. Il a raison, il faut savourer ces moments-là. Et puis il y a Tex, le pôvre ! D’évidence, il y a longtemps qu’il n’a pas pédalé, il a peu dormi (!!!) et dénote un peu avec son guidon plat et ses mollets de coq. Vincent le rassure, « t’inquiète, ça va aller ». Tex en est moins sûr ! Tout à l’heure il demandait aux filles les kilomètres qu’elles parcourent lors de leurs sorties : »quoi, vous faites 80 bornes, mais alors je ne pourrais jamais vous suivre !  » Il est tout sauf serein ! Alors, à tour de rôle, on l’aide un peu. Et ça continue, le monde, de plus en plus. Même les flics, mes anciens collègues, nous encouragent. Que de joie, que de sourires ! Seule petite ombre au tableau : le ciel nous semble bien sombre tout là-bas, au dessus de Nîmes. D’abord gris, puis gris foncé, puis noir, puis noir foncé ! Mauvaise limonade les enfants, on n’y coupera pas ! Pas grave, le cycliste moyen est estampillé « guerrier » et ce n’est pas un orage qui lui gâchera la journée. Aurélia, debout dans la voiture derrière nous, n’en perd pas une miette. Le cameraman, lui,  s’est fait déposer un peu en avant pour jouer les toreros parmi nous.  Courageux l’homme, Tex l’évite de justesse ! Nous arrivons sur le périph,  à gauche toute pour prendre le vent en pleine tête. Il s’est mis à souffler d’un seul coup, des rafales redoutables. Même si nous roulons doucement, il faut s’en protéger. On s’organise. Steph, moins habituée que nous à la route, se fait sérieusement secouée.  On la place à notre droite, bien à l’abri, pareil pour Tex, qui se demande de plus en plus ce qu’il fait là ! Dans le même temps, Toc, toc….. des goutes énormes se jettent sur nous. Vincent veut s’arrêter « en attendant que ça passe ».  « Non Vincent, vaut mieux y aller, ça risque de durer et de tomber encore plus fort ! » On repart. 500 m à peine et le ciel s’ouvre en grand. Le déluge ! Encore trois kilomètres pourtant. On va finir à la nage ! Du coup le public, qui s’abrite comme il peut, nous encourage encore plus ! La route ? une patinoire. J’espère que ça va s’arranger avant l’arrivée des pros, sinon, gare aux gamelles !
La flamme rouge : on devait s’y arrêter, mais les éléments nous poussent à changer nos plans, et la caméra ne supporterait pas ce bain forcé. Tant pis pour les images embarquées ! 750 m, 500 m, et toujours ces cris, ces applaudissements, la foule se joue de la pluie. J’entends plusieurs fois « allez Uzès, allez Denis ». Nombre d’uzétiens, venus là voir les pros, sont agréablement surpris de nous voir débouler, d’autant que le speaker officiel du Tour, Daniel Mangeas, briefé par Vittel, égrène nos noms. La banderole, la ligne, quelques bras levés …. Et voilà, déjà fini…..
Mais non, pas tout à fait.
Car Vittel a bien fait les choses, jusqu’au bout. Distribution de K-way aux couleurs de la marque. On se sèche en vitesse puis direction le podium du Tour, pour des photos du groupe devant la presse locale et régionale. Des vraies stars je vous dis !
Regroupement dans le bus à impériale qui offre une belle vue sur le village. Distribution de paniers repas, le tout arrosé de Vittel bien entendu et de……..Champagne ! Encore une sollicitation : l’attaché de presse vient nous chercher, France bleu Gard Lozère, qui nous a pourtant déjà interviewés hier à Uzès, nous réclame pour un direct. Anita et moi y allons, rejoints par Vincent BARTEAU et Tex. Super sympas les journalistes. Nous racontons notre journée. Tex met l’ambiance. J’en profite pour annoncer notre critérium du 3 août et remercier Vittel. Retour au bus. Les coureurs vont arriver. On suit ça sur une télé. Aïe, aïe, aïe, ce sera dur pour les échappées. Ca va se jouer à la seconde. Ils sont là, derniers cents mètres. Ca va le faire…. A dix mètres  l’infortuné BAUER se fait manger par un ogre norvégien ! Beauté et injustice de notre sport !
Les coureurs défilent maintenant, tout doucement, devant notre bus. On ne peut mieux les voir. A notre tour d’applaudir, d’encourager, de féliciter.
Tout ce bonheur, c’est avant tout à eux qu’on le doit. Steph, avec sa gouaille et son sourire récupère des bidons. Peu de pros  lui résistent….. Et elle, ensuite, va faire plaisir aux mômes agglutinés derrière les barrières en leur offrant partie de son butin. C’est aussi ça Uzès Vélo Club !
Ce coup-ci ça y est, c’est vraiment fini…. Faut bien revenir sur terre….
On va y retourner en vélo, sac sur le dos, socquettes légères bien qu’humides, des images plein la tête.
Ah bon, ils ont rouvert la route ? Dommage, on commençait à s’habituer….. »

Un peu long, j’en conviens, mais je ne voulais rien oublier.
Denis